Gabriel Pairon nait le 20 décembre 1892 au lieu dit la Preille sur la commune de Montreuil-Bonnin. Il est le quatrième enfant de Jean Pairon et Marie Léonie Pineau. Ses grands parents Pineau et son oncle Louis Pineau habitent également à la Preille, où Jean son père est venu s’installer après son mariage. En 1895, un cinquième enfant, Georges, rejoint la fratrie.
Le recensement de 1896, à défaut de photo, nous donne une image paisible de la famille.
AD86 – Recensement Montreuil Bonnin 1896
Mais cette sérénité est de courte durée : le 16 août, Marie Léonie, 27 ans, meurt. Le 23 septembre, c’est le père, Jean Pairon, qui meurt à son tour, à 33 ans. Et la série continue. Le 26 septembre, c’est la petite Alice Pineau, la fille de Louis, la nièce de Marie Léonie, qui décède. Elle a 6 ans. Le 11 novembre enfin, c’est Georgette Pairon, la seconde enfant de la fratrie Pairon-Pineau qui meurt, à l’âge de 8 ans.
Que s’est il passé pendant ces quelques semaines ? Le nombre de décès dans la commune ne semble pas avoir augmenté dans les autres familles. De plus certains enfants plus jeunes, et les patriarches, Louis Pineau et son épouse Marie Bourloton, sont indemnes. Alors ? Encore un mystère que je ne peux élucider, du moins pas rapidement.
Les quatre orphelins habitent désormais avec leurs grands parents Louis Pineau et son épouse Marie, toujours à la Preille.
AD86 – Recensement Montreuil-Bonnin 1901
Lorsqu’arrive l’heure du recensement militaire pour les deux fils ainés, Léon puis Gabriel, les deux frères résident à La Chapelle Montreuil, et plus à Montreuil-Bonnin. Le 7 octobre 1911, Léon part pour le service militaire. Il est libéré et rentre à La Chapelle Montreuil le 8 novembre 1913. Gabriel, lui, est parti le 10 octobre, un mois plus tôt.
Au printemps 1913, Gabriel passe le conseil de révision. Il est bon pour le service et doit partir à l’automne. Sa classe, celle de 1912, est la dernière a être appelée de façon normale. La classe 1913, en effet, partira dès novembre 1913, soit à peine un mois après la classe 1912.
Gabriel, tout comme Alfred Chauvin dont je vous ai déjà parlé, est affecté au 3ème bataillon de chasseurs, en casernement à St Dié, tout près de la frontière franco-allemande.
En août 1914, le 3ème BCP fait partie de la 86ème brigade d’infanterie, dite « brigade bleue ». qui comprend également le 1er BCP, le 10ème BCP et le 31ème BCP. Avec la 85ème Brigade d’Infanterie, dont le quartier général est à Epinal, et qui comprend le 149ème RI et le 158ème RI, la brigade bleue fait partie de la 43ème Division d’Infanterie, comprise dans la 1ère armée commandée par le général Dubail.
Voici ce que Dubail écrit en date du 3 août dans ses mémoires :
puis quelques jours plus tard
A partir du 11 Août commence dans la région de Saales, poste frontière entre la France et l’Alsace alors allemande, l’offensive qui va coûter la vie à Alfred Chauvin et Gabriel Pairon.
Le 14 Août, les combats se concentrent sur Saint-Blaise-la Roche. C’est là que va tomber Alfred Chauvin. Voici le croquis qu’en fait dans ses mémoires le général Dubail.
Combat de St Blaise – 14 Aout 1914 –
Le 15 aoùt, Dubail mentionne que le 21ème corps – auquel appartient, je vous le rappelle, le 3ème BCP – c’est un peu compliqué de suivre, je vous l’accorde … – n’a pas progressé et se fortifie sur le Donon, à St Blaise et sur les hauteurs de Blancherupt.
A la journée du 17 Août, il n’y a rien de particulier ni dans le Journal de campagne du général Dubail, ni dans le JMO du 3ème BCP, ni dans l’historique du régiment. Ce jour là, pourtant, Gabriel Pairon meurt, « tué à l’ennemi », à Saales, derrière la ligne de front. J’ai lu et relu les comptes rendus et j’ai du mal à comprendre ce qui s’est passé. Des tireurs isolés embusqués sur les hauteurs ? Ou des blessures reçues le 14 dans l’attaque de St Blaise, non mentionnées sur la fiche matricule et dont il serait décédé le 17 à Saales, derrière les lignes ? La seconde hypothèse me semble plus logique. Je doute un peu de la précision des fiches matricules, après en avoir dépouillé déjà plusieurs centaines.
La lecture de l’acte de décès, rédigé par le gestion de l’ambulance n°2 de la 43ème division d’infanterie, et qu’ont signé les deux témoins, Camille Petit et Emile Talnet, tous deux appartenant à la 24ème section d’infirmiers, indique que Gabriel Pairon est tué à l’ennemi. Il n’y a aucune précision sur les circonstances du décès.
Gabriel, 21 ans et 7 mois, meurt le 17 Août 1914 et il est inhumé dans le carré militaire de Saales, tombe 7.
Livre d’or La Chapelle Montreuil
Léon Pairon, le frère ainé de Gabriel, est revenu du service militaire le 8 novembre 1913. Il rejoint le 3 Août 1914 son régiment, le 68ème régiment d’infanterie, stationné au Blanc (36). Il y a le grade de caporal depuis septembre 1912. Il décède le 29 décembre 1915 à l’hôpital complémentaire n°52 de Noeux les Mines (62) des suites de ses blessures. A titre posthume, il reçoit la médaille militaire et la Croix de guerre avec palme.
Georges Pairon, le plus jeune des frères, après avoir été ajourné en 1914, est incorporé le 8 septembre 1915 au 23ème régiment d’infanterie coloniale. Il fait les campagnes d’Orient de fevrier à aout 1916. Deux fois évacué, pour des périodes de plusieurs semaines, pour maladie, il est libéré le 15 novembre 1918. Il est rappelé à l’activité le 26 mars 1940, au Dépôt d’artillerie n°9. Sa fiche matricule ne donne pas davantage d’information sur son parcours pendant la seconde guerre mondiale.
Vincent Mémeteau says
Bonsoir Brigitte,
Je suis Vincent Memeteau, le neveu de Marie-Claire.
L’histoire de la famille Pairon de La preille est assez émouvante, les temps étaient vraiment durs à cette époque, en particulier pour cette famille, durement éprouvée par les maladies et la grande guerre.
J’en parlerai à mes deux fils, Matthieu (2005-) et Valentin (2007) qui sont donc les deux arrières-arrières-arrières petits enfants de Jean Pairon et Marie-Léonie Pineau.
L’histoire continue 🙂
Au plaisir de vous lire
Vincent Mémeteau
Brigitte says
Merci pour votre commentaire. Vous avez raison, il faut parler de l’histoire de notre famille à nos descendants, et ne pas oublier tous ces hommes jeunes qui sont morts il y a 100 ans et qui étaient nos ancêtres. Merci pour eux
MEMETEAU Marie Claire says
Par hasard, je recherchais où était mort en 1914 mon grand-oncle Gabriel PAIRON et j’ai trouvé tous ses renseignements .
Ma mère, Gabrielle GAROTAIN, épouse MEMETEAU Gaston, était la fille
( unique ) de Paul GAROTAIN, dcd en 1956 et de Léonie PAIRON *( DCD en 1918 de la grippe espagnole ) * soeur de Gabriel. A a fin de guerre, il ne restait que Georges de la fratrie, ( DCD en 1978 )..
Brigitte says
bonjour
je suis ravie que vous ayez trouvé des informations grace à ce blog, c’est justement pour ce genre de rencontres que je me suis lancée dans l’aventure. Merci donc d’avoir laissé un commentaire. Le décès de votre grand mère de la grippe espagnole m’interpelle, j’avais noté une augmentation des décès en 1918, sans faire le rapprochement, je pensais – bien sottement – que la grippe espagnole n’avait pas touché le canton ….
Avez vous par hasard une photo de votre grand oncle, que vous accepteriez que l’on mette en ligne avec sa fiche, pour lui rendre hommage ?
Merci encore et très cordialement
MEMETEAU mArie-claire says
onsoir, malheureusement je n’ai aucune photo de mon grand-oncle, Gabriel PAIRON, DCD en août 1914. J’en ai une seule de son frère Léon PAIRON qui est décédé fin 1915. Si vous le souhaitez, je pourrais la poster. Cordialement.
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Brigitte says
Volontiers, vous pouvez me l’envoyer sur mon mail et je la mettrai en ligne dans sa fiche. Merci encore
MEMETEAU mArie-claire says
Oui, mais à quelle adresse e mail ? Merci